Préjugé
nom masculin
Jugement sur quelqu'un, quelque chose, qui est formé à l'avance selon certains critères personnels et qui oriente en bien ou en mal les dispositions d'esprit à l'égard de cette personne, de cette chose.
Il me paraissait très important de rajouter cette notion à mon p'tit dictionnaire. En effet, toutes les personnes atteintes d'une maladie ou d'un handicap invisible souffrent à un moment ou un autre de préjugés.
Malheureusement, on les retrouve partout et trop souvent.
Au travail : "Tu te plains jamais, ça ne doit pas être si grave ce que tu as."
Me plaindre ne m'a jamais aider à aller mieux. Et puis ce serait pénible de passer mes journées à me plaindre. Et bonjour la dépression derrière.
"Si tu as la force de partir en week-end, tu as la force de travailler."
C'est vrai qu'on peut facilement comparer 2 jours de temps en temps à 38h/semaine + les RDV médicaux...
"Tu sais les soucis persos, ça n'a rien à faire au travail."
On ne parle pas d'un ongle cassé, mais d'une maladie, d'un handicap, hein... Ce serait comme me demander de ne plus avoir de bras. Pas franchement possible, possible.
"T'as de la chance d'être en mi-temps, moi aussi, j'aimerais avoir mes après-midi."
Mais pas de soucis : je te donne mon 50 % thérapeutique, mais tu prends mon handicap avec. Comment ça, ça ne te tente plus ?
Avec la famille : "Tu pourrais faire un effort et être un peu plus souvent là."
Well... Désolé d'être malade...
"Tu vas quand même pas rester toute ta vie en arrêt, il va falloir retourner bosser à un moment !"
Non, mais en vrai, je retournerais bien bosser si je pouvais ! Tu crois que c'est drôle de passer ses journées dans son canapé à souffrir sans aucun revenus ?
Avec les proches : "Tu es une femme forte, je ne sais pas si j'aurais le courage."
C'était ça ou le suicide. Le courage me paraissait plus viable sur le long terme.
"Tu as de la chance d'avoir un mari qui reste malgré la maladie."
Chance ou masochisme de sa part, je ne sais pas trop. J'avais oublié que "dans la santé et la maladie", ça ne comptait pas en fait !
"Si t'y pensais moins, t'aurais moins mal."
Mince, je savais que je n'aurais pas dû prendre l'option Masochiste à la naissance
Avec les fibrosceptiques : "vous savez madame, quand on a une fibromyalgie, il faut travailler pour aller mieux !"
Ok. Je compte sur vous pour me trouver un travail adapté et bien payer de préférence.
"Faites du sport, ça ira mieux."
Prendre une douche, ça compte ?
"De toute manière, tout ça, c'est dans votre tête"
Ai-je vraiment quelque chose à rajouter ?
Avec tout ceux qui se sentent obligés de vous faire des remarques : "Euh Madame la queue, c'est là-bas, hein ! Ça se voit que vous n'avez rien".
La bêtise n'est pas visible non plus, apparemment.
Ce qui est horrible avec les préjugés, c'est qu'ils font autant de mal que n'importe quel autre symptôme. J'aurais même envie de dire qu'ils sont un symptôme de la fatigue chronique. Toujours avoir à se justifier, à encaisser, à relativiser... C'est épuisant et ça rend sarcastique.
Le remède est pourtant simple : la bienveillance.
Bienveillance
nom féminin
Disposition d'esprit inclinant à la compréhension, à l'indulgence envers autrui.
Et contrairement à ce que pensent certains, ça coûte beaucoup moins cher que les médicaments !
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