top of page
Post: Blog2 Post
Photo du rédacteurAmélie VINCENT

Les causes possibles et les éléments déclencheurs

Dernière mise à jour : 31 janv. 2023

Mais pourquoi s'intéresser à la source de la fibromyalgie ? La raison est simple : pour avoir un jour l'espoir d'en guérir, il faut être en mesure de se débarrasser des causes de la maladie et non pas seulement de ses conséquences sur notre santé. De plus, connaître les éléments déclencheurs peut, dans une moindre mesure, nous aider à lutter contre les flambées (c'est-à-dire les phases où la fibromyalgie est plus forte).

Dans cet article, je vais présenter les causes possibles et les éléments déclencheurs dont j'ai pu prendre connaissance lors de mes lectures et mes expériences personnelles.



Les facteurs prédisposants

Même si l'origine exacte de la fibromyalgie n'a toujours pas été identifiée, plusieurs facteurs prédisposants ont été découverts grâce à la Recherche.


La piste génétique

En avril 2013, l'étude The fibromyalgia family study: a genome-wide linkage scan study a démontrée qu'il était très probable que la fibromyalgie ait une composante génétique. En effet, cette étude montre que lorsqu'un ascendant est lui-même fibromyalgique, le risque de l'être aussi est de 13,6 % contre 2 % pour les personnes issus de la population générale. Ainsi, même si aucun gène n'a été détecté comme porteur de la fibromyalgie, il pourrait exister un terrain propice à son développement transmis par les parents.


Les neuroatypiques

Dans son livre "Comprendre et Reconnaître la fibromyalgie pour mieux la Soulager.", le Dr Dumolard consacre tout un chapitre aux neuroatypiques et plus particulièrement aux hypersensibles (ou haut potentiel émotionnel) et à la surdouance (ou haut potentiel intellectuel). J'ai été très intéressée par ce chapitre, étant moi-même HPI/HPE.

Le lien entre cette catégorie de neuroatypiques et la fibromyalgie est dû au rapport corps-esprit et à la somatisation. En effet, les hypersensibles, ainsi que les HPI, réagissent plus intensément aux stimuli extérieurs. Par exemple, il est possible qu'un événement jugé comme tout à fait acceptable pour une personne typique (par exemple un "non" dans le milieu professionnel) soit vécu comme d'une violence extrême pour un neuroatypique. On oublie souvent que la différence de construction de la pensée des "hyper" les fragilisent beaucoup. En effet, avoir une conception plus détaillée du monde et des relations humaines, ainsi qu'être en état constant d'hyper-vigilence émotionnelle provoquent une source d'anxiété continue. De ce fait, les personnes souffrant du regard des autres s'engagent souvent à l'excès. Cela peut amener progressivement à une surcharge sur le plan physique du fait des accumulations de stress. La fibromyalgie est alors une réaction à cet épuisement obligeant la personne à dire "stop !".


Le sexe

80 % des fibromyalgiques sont des femmes. La question de la génétique se pose alors de nouveau. La fibromyalgie serait-elle inscrite dans le chromosome X ou encore dans les hormones sexuelles ?

Aujourd'hui, la Recherche n'a pas trouvé de réponse à cette question. Cependant, le cerveau féminin produit sept fois moins de sérotonine que le masculin. Hors le manque de sérotonine est l'une des pistes d'explication de la fibromyalgie. De plus, la testostérone jouerait un rôle protecteur contre la douleur. Enfin, s'ajoutent les changements hormonaux qui mettent bien le bazar là-dedans.

La charge mentale imposée aux femmes par la société semble elle aussi à voir un impact. En effet, les nombreux défis posés par la quadruple vie femme-épouse-travailleuse-maman demandent énormément d'énergie et donc épuisent beaucoup plus vite.


Les maladies, infections et troubles

Les personnes déjà atteintes de maladies rhumatismales (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, lupus...), de troubles du sommeil (spasmes musculaires nocturnes, syndrome des jambes sans repos...) ou encore celles qui ont contracté une infection importante (hépatite, Lyme, VIH...) semblent être plus susceptibles de développer la fibromyalgie.


Les causes possibles

L'arrivée des techniques d’imagerie cérébrale, comme l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf), au début des années 2000, a permis une véritable avancée dans la recherche sur les causes de la fibromyalgie. Grâce à ces technologies, les chercheurs ont pu observer le cerveau des patients atteints de fibromyalgie, en fonctionnement. Ils ont alors constaté plusieurs anomalies, notamment au niveau du système nerveux et de certaines zones de l'encéphale.


Un mauvais fonctionnement des systèmes nerveux

Les différentes études des systèmes nerveux semblent apporter des éléments de réponses quant aux origines de la fibromyalgie. Ainsi, la maladie serait en partie liée à un mauvais fonctionnement des systèmes nerveux central (situé dans le cerveau et dans la moelle épinière) et périphérique (situé dans les muscles du corps) qui contrôlent la douleur.


Un dysfonctionnement de la sensibilité centrale

Le système nerveux central est composé de l'encéphale (le cerveau) et de la moelle épinière. L'encéphale a pour rôle de contrôler la plupart des fonctions de notre corps, tant mécaniques (mouvements), que sensorielles ou cognitives. La moelle épinière quant à elle joue le rôle de passerelle entre l'encéphale et les nerfs du reste du corps (le système périphérique).

Dans le cas de la fibromyalgie, la région cérébrale qui mesure la douleur est sur-activée. De plus, les régions qui contrôlent la douleur sont quant à elles sous-activées. Ces dysfonctionnements sont l'explication la plus probable des phénomènes d'allodynie, d'hyperalgésie et de douleurs projetées (c'est-à-dire des douleurs dans des zones voisines de la région stimulée et dans des zones non stimulées).

Dès les années 1980, la Recherche a fait état d'une hypersensibilité liée à la douleur due à une très forte excitation des systèmes nociceptifs (c'est-à-dire des douleurs provoquées par une lésion sur un muscle ou une glande) situés dans la moelle épinière. Cette hypersensibilité pourrait être causée par une diminution de l’activité du système inhibiteur diffus, également connu sous le nom de contrôle inhibiteur diffus nociceptif (CIDN), descendant du tronc cérébral vers la moelle épinière.


Des anomalies du système nerveux périphérique

Le système nerveux périphérique est constitué des nerfs et ganglions qui se trouvent en dehors du système nerveux central, c'est-à-dire dans tout le reste du corps. Ils ont pour fonctions d'être les récepteurs des messages extérieurs à transmettre au système central, ainsi que ceux du système central à transmettre aux muscles et aux organes. Il est lui-même divisé en deux sous-catégories : le système somatique et l'autonome. Le premier sert à contrôler les mouvements volontaires (marcher, retenir sa respiration...) et le second les fonctions involontaires (les battements du cœur, la digestion...). Enfin, le système autonome se divise lui aussi en deux sous-catégories : le système nerveux sympathique et le parasympathique. Le sympathique a pour rôle de gérer ce qu'on appelle la réaction de "lutte ou fuite". C'est lui qui va prendre en charge les messages envoyés par l'encéphale lors d'une situation stressante pour les transformer en actions ou en sentiments (la peur, la colère, le besoin urgent de sortir du caisson de cryothérapie parce que je suis folle d'aller dans une pièce à -85 °C...). Il stimule le métabolisme afin de préparer le corps à régir au mieux à la situation qu'il doit affronter. À l’inverse, le parasympathique a un effet apaisant sur le corps. Il prend le relais une fois la menace passée pour revenir "à la normale". Ce sont ces deux sous-systèmes qui semblent jouer un rôle dans la fibromyalgie.


Pour résumer simplement

Système nerveux périphérique > système nerveux autonome (+ système nerveux somatique) > système nerveux sympathique + système nerveux parasympathique.


L'IRMf a permis de confirmer une altération de la transmission nerveuse chez les fibromyalgiques. Ainsi, l'une des théories avancée découle du fait que 30 à 50 % des malades présentent une réduction du nombre de fibres sensitives de petit diamètre. Les chercheurs soupçonnent alors que la fibromyalgie pourrait s'apparenter à une forme de neuropathie des petites fibres. Cette théorie est notamment développée en 2018 par le groupe américain de Victoria Lawson au Centre médical Dartmouth-Hitchcock. Cependant, l'étude n'a pas pu déterminer si cette diminution de la taille des fibres était une cause ou bien une conséquence de la fibromyalgie. Afin d'élucider cette question, une étude est actuellement en cours, en France, sur 150 à 200 patients. Elle est menée depuis début 2021 par le neurologue Didier Bouhassira.


Un épuisement dû au stress

Le stress est défini en médecine comme un ensemble de réactions physiques et physiologiques face à une situation jugée dangereuse. Il est important de bien faire la différence avec le sentiment d'anxiété que l'on appelle souvent, à tort, stress.

Comme toute chose, c'est l'abus et l'exagération du stress qui est mauvais pour notre corps. En effet, pour réagir face à ces situations, le corps dépense de l'énergie pour activer et entretenir la réaction de "lutte ou fuite". Une fois toute notre énergie dépensée, il entre dans la phase dite d'épuisement. C'est durant cette phase que les symptômes de la fibromyalgie apparaissent. L'épuisement et le surdosage de stress peuvent alors se transformer en anxiété. Or, l'anxiété est elle-même considérée par le corps comme un déclencheur de stress. Elle devient alors un facteur d'aggravation de la fibromyalgie.

Il est important de rappeler que les systèmes de régulation du stress et de la douleur sont interconnectés au niveau cérébral. Si les nerfs sont saturés par les messages de stress, ils ne peuvent alors pas jouer leur rôle d'apaisement du message douloureux.


Un déséquilibre de la flore intestinale

En novembre 2019, des chercheurs de l'université McGill à Montréal ont découvert un lien direct entre la composition du microbiote intestinal (ou flore intestinale) et la fibromyalgie. L'ensemble des bactéries, virus, parasites et champignons non-pathogènes contenus par nos intestins composent le microbiote. Dans leur étude Altered microbiome composition in individuals with fibromyalgia, publié dans la revue Pain, ils ont découverts des changements en termes de quantité. Cela concernait une vingtaine d'espèces de bactéries qui étaient présentes chez les malades. De plus, ils ont trouvé un lien direct entre la gravité des symptômes et l'absence plus marquée de certaines bactéries.

La même équipe a publié un nouvel article ce mois-ci (février 2023), traitant de nouveau du sujet, mais s'intéressant cette fois-ci plus précisément aux femmes et à la bile. Ainsi, ils ont prouvé que "les femmes atteintes de fibromyalgie présentent des altérations significatives des acides biliaires sériques et des bactéries intestinales métabolisant la bile. Ces altérations sont corrélées à la sévérité des symptômes du syndrome.".

De ce fait, l'analyse moléculaire du microbiote pourrait, dans un avenir proche, devenir une nouvelle forme de diagnostic de la fibromyalgie. Cependant, il est encore une fois difficile de savoir si ces modifications sont une cause de la fibromyalgie ou bien une conséquence.


Un dérèglement des hormones

Le système digestif est aujourd'hui considéré comme un deuxième cerveau. Il est notamment le producteur de neuromédiateurs comme la sérotonine. En effet, 95 % de "l'hormone du bonheur" est produite par nos intestins. La sérotonine a, entre autres, pour rôle de transmettre et contrôler le message douloureux. En plus de leurs observations sur la flore intestinale, les chercheurs de l'université McGill à Montréal ont découvert que les personnes atteintes de fibromyalgie semblaient partager une mutation génétique responsable d'un dysfonctionnement d'une enzyme essentielle à la production de sérotonine. Pour eux, cette carence en sérotonine pourrait bien être à l'origine de la fibromyalgie.


Les éléments déclencheurs

La fibromyalgie peut apparaître à n'importe quel âge. Son apparition fait souvent suite à un événement traumatisant. C'est "la goutte de trop" que ne pourra plus supporter le corps.


Un trauma physique ou psychologique

Dans de nombreux cas, les médecins et les patients sont capables d'identifier le moment qui a déclenché ou aggravé la fibromyalgie. Il peut s'agir d'un burn-out, du décès d'un être cher, d'une rupture, d'un changement de vie trop brutal, d'une intervention chirurgicale, d'un accouchement, d'une maladie, d'une infection... Dans mon cas, on a pu identifier que le passage au stade 2 était dû à un accident de voiture (pas très grave, mais qui m'a tout de même bien secoué les cervicales).


Les facteurs aggravants

Il est important de souligner que la fibromyalgie est une maladie évolutive, en bien comme en mal. Il faut donc faire particulièrement attention aux facteurs aggravants. Il s'agit essentiellement de l'anxiété et de la surcharge mentale (qui provoque le stress du système nerveux), ainsi que de la kinésiophobie (la peur excessive et irrationnelle de bouger et d'avoir encore plus mal), souvent à l'origine du déconditionnement à l'effort (soit la perte de la masse et de la force musculaire).


Comme nous avons pu le voir tout au long de cet article, la fibromyalgie est un syndrome complexe qui semble être la somme de dérèglements à la fois génétiques, neurologiques, physiques et psychologiques. De ce fait, la fibromyalgie n'est plus aujourd'hui considérée comme un trouble purement psychologique, mais bien comme un syndrome "biopsychologique", constitué de facteurs psychologiques et de changements neurobiologiques. Cela a été possible grâce aux progrès réalisés en imagerie cérébrale qui ont permis de révéler les connexions entre les circuits de la douleur et ceux des émotions.


J'espère que cet article vous a permis de mieux comprendre les mécanismes à l'origine de la fibromyalgie.

N'oubliez pas de liker et de partager autour de vous pour soutenir mon travail !



Source

166 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page